mercredi 25 août 2010

Film Noir Classic Collection Vol. 5

Alors que je croyais bien que la Warner avait mis un arrêt définitif à la parution de coffrets dédiés à la thématique du film noir, voilà que, plus de trois ans après la sortie du volume 4, le volume 5 arrive sur les tablettes. Le catalogue de Warner regorgeant de films noirs des années 40 et 50, il y a de quoi concocter plusieurs autres coffrets dans le futur.

Pour l'instant, voici donc ce cinquième coffret regroupant huit nouveaux titres qui se distinguent par leur réputation, disons plus obscure, que la plupart des titres déjà parus dans les coffrets précédents qui faisaient large part à certains classiques du genre. Toutefois, certaines des bobines ici présentes ne manquent surtout pas d'intérêt, et j'ai bien hâte de jeter un coup d'oeil sur Desperate (1947) d'Anthony Mann, Cornered (1947) d'Edward Dmytryk (Crossfire) et surtout Armored Car Robbery (1950) de Richard Fleischer (dont j'ai entendu parler avec beaucoup de bien) et Crime In The Streets (1956) de Don Siegel avec un jeune John Cassavetes dans le rôle d'un jeune truand !

Une grande Déception à noter au départ, l'absence complète de suppléments sur tous les titres, excepté deux bandes-annonces. Une douche froide pour les amateurs suite aux quatre coffrets précédents qui étaient plutôt bien remplis. Reste tout de même les films eux-mêmes qui sont enfin disponibles en format DVD. Je me tape le tout bientôt et je vous en reparle !

Le nouveau Danny Boyle est à nos portes !

Voici la bande-annonce du nouvel opus de Danny Boyle (Trainspotting/28 Days Later/Slumdog Millionaire), 127 Days, relatant l'histoire vraie d'un jeune alpiniste s'étant retrouvé coinçé sous un rocher pendant cinq jours alors qu'il tentait l'ascension d'un canyon...

jeudi 11 février 2010

Risky Business (1983)


Le décès récent de John Hughes nous a rappelé que le sous-genre dit du "film d'ado" pouvait s'élever au-dessus des comédies ineptes à l'humour pipi-caca-poil. Plusieurs élèvent M. Hughes au rang de père du "cinéma d'ado cérébral" (si je peux le nommer ainsi), mais toutefois, si M. Hughes a popularisé le genre dans les années 1980, il n'en est toutefois pas l'innovateur, car avant les Sixteen Candles (1984), The Breakfast Club (1985) et autres Ferris Bueller's Day Off (1986), il y avait déjà Risky Business (1983), mettant en vedette un tout jeune Tom Cruise pas encore totalement débarrassé de sa graisse d'ado pré-pubère...


Tom Cruise apparaît ici sous les traits de Joel Goodsen, jeune collégien issu de parents hyper-bourgeois d'une banlieue cossue de Chicago. Lorsque papa et maman s'envolent pour des vacances bien méritées sous les Tropiques, Joel en profite pour faire les 400 coups avec les copains de la fac, entre autres une virée avec la Porsche adorée du géniteur. Un soir, voulant relever le défi d'un ami, Joel saisit le téléphone et s'offre les services de Lana (Rebecca De Mornay), escorte de luxe et objet convoitée des fantasmes d'adolescents. Cependant, Lana sera aussi la cause d'une série de mésaventures successives pour le pauvre Joel...

Projet voué à l'échec à l'époque, Risky Business remporta un succès plus qu'inattendu, d'autant plus que Paul Brickman, scénariste et réalisateur, était presque inconnu à l'époque, ayant à son actif seulement deux scénarios pour deux productions (dont un des premiers films de Jonathan Demme, Citizens Band, sorti en 1977) et, de plus, l'univers collégien à l'époque se limitait à d'insipides comédies inspirées néanmoins par le fort drôle Animal House (1978) de John Landis. Ce qui va sans dire que Brickman s'est buté à des refus successifs des studios qui ne voyaient pas d'un bon oeil la comédie douce-amère qu'il avait en tête. Il réussit finalement à trouver le financement auprès du magnat du disque David Geffen (futur patron des studios Dreamworks) pour mener à bien son projet, et le reste fait partie de la légende, comme on dit.

Dès le générique d'ouverture du film, on sent déjà ce qui distincte Risky Business de la routine habituelle des "college comedies". Une mise en scène très stylisée, presque contemplative par moments, soutenue par la trame musicale très ambiante de Tangerine Dream (Sorcerer, Thief), et un script diablement intelligent se voulant un regard critique ainsi qu'un reflet sur l'Amérique reaganienne de l'époque caractérisée par une société obsédée par l'argent et l'appât du gain. Grâce à une écriture habile faisant belle part à des dialogues savoureux et incisifs, en plus de l'utilisation judicieuse du point de vue subjectif, Brickman s'élève d'au moins cinq crans au-dessus de ce qui aurait pu devenir une comédie égrillarde pour ados libidineux.

Tom Cruise (dans sa période pré-scientologie) est égal à lui-même, correct sans plus, jouant parfois un peu trop la carte de l'ado tombeur, mais tire parfois son épingle du jeu grâce à quelques moments où son jeu s'élève d'un cran. Ce film est d'ailleurs celui qui a fait de Cruise une vedette en devenir, grâce notamment à la célèbre "underwear scene" où celui-ci chante en petite tenue à l'unisson sur la chanson "Old Time Rock 'n' Roll" de Bob Seger, faisant de lui automatiquement la nouvelle "teen idol" du moment, cela avant que Top Gun le concrétise finalement au rang de superstar. Cependant, la galerie des personnages secondaires offre un tableau encore plus intéressant. Rebecca De Mornay (The Hand That Rocks The Cradle) trouve déjà ici à sa première apparition sur les écrans son meilleur rôle dans la peau de la mystérieuse call-girl, elle qui n'a pas réellement tenu ses promesses par la suite. Mentions spéciales aussi à Curtis Armstrong et Bronson Pinchot ainsi qu'une apparition drôlatique et remarquée du sous-estimé Richard Masur (The Thing, License To Drive) en recteur d'université. Par contre, la palme est remportée par Joe Pantoliano (The Fugitive), complètement loufoque dans le rôle de Guido, le souteneur de Lana.

Curieusement, malgré le succès remporté par son premier film, Paul Brickman se fit plutôt rare par la suite, avec seulement un autre film comme réalisateur (Men Don't Leave) tourné 1989 et ayant passé presque inaperçu, et quelques rares contributions comme scénariste (Deal Of The Century, True Crime) pour des productions n'ayant pas laissé d'impérissables souvenirs dans les mémoires. Il aura toutefois laissé sa marque avec ce film qui aura lancé une tendance cinématographique caractéristique des années 1980.

Infos DVD : Warner a récemment mis sur le marché (en 2008) l'édition 25ème anniversaire du film, incluant comme suppléments une piste de commentaires audio du réalisateur Paul Brickman accompagné de Tom Cruise ainsi qu'un petit "making-of" du film où les membres de l'équipe se livrent à une série de réflexions et d'anecdotes teintés de nostalgie. Le tout manque légèrement d'esprit critique avec un ton quelque peu trop complaisant, mais néanmoins, le tout se consomme assez bien.

Surveillance (2008)


Fille du vénéré David Lynch, Jennifer Chambers Lynch avait déjà tenté de suivre les traces de son illustre père avec le très médiocre Boxing Helena (1993), qui avait surtout fait parler de lui à l'époque alors que la production avait défrayé la chronique suite à une bataille légale entre les producteurs et Kim Basinger, qui avait décidé de briser son contrat in-extremis après lecture approfondie du scénario sulfureux qu'elle n'appréciait pas du tout. Basinger finalement remplacé par Sherilyn Fenn (visage connu de l'écurie lynchienne avec un rôle récurrent dans la télésérie Twin Peaks et une apparition mémorable dans Wild At Heart), le premier film de Mlle Lynch est maintenant surtout resté dans les mémoires pour ses excès outranciers lui ayant octroyé un statut de film culte à la saveur psychotronique.

Quinze ans plus tard, Jennifer Lynch refait surface avec Surveillance, sombre road movie à la saveur glauque empruntant beaucoup à l'univers de papa. J'avoue m'y être aventuré avec méfiance, ayant subi le cas Boxing Helena de visu et n'en ayant pas gardé de bons souvenirs. J'en suis toutefois sorti agréablement surpris.

Avec une intrigue simple (avec un dénouement cependant complètement inattendu) empruntant beaucoup à la fois à Wild At Heart, Twin Peaks et Lost Highway, le script de Kent Harper (co-rédigé avec Lynch) suit les traces de deux agents du FBI enquêtant sur une série de meurtres perpétrés par un mystérieux tueur en série dans les environs de ce qui semble être un bled du Nouveau-Mexique. Sans emprunter la voie des excès dérivatifs de son père avec une trame narrative très linéaire, Lynch fait montre ici d'une mise en scène beaucoup plus sûre et contrôlée, des séquences très bien construites et surtout une excellente direction d'acteurs, un élément qui manquait gravement à son premier film.

Il faut dire que Lynch dispose d'une excellente distribution, Bill Pullman (Lost Highway) en tête et qu'on a pas vu depuis des lustres, et Julia Ormond (Legends Of The Fall) dans un rôle à des lieues des rôles romantiques qu'elle se voyait fréquemment attribuer dans les années 1990. Soulignons aussi l'apport solide du canadien Michael Ironside (Scanners) en chef de police dépassé par les événements; le scénariste Kent Harper, hilarant dans le rôle d'un ripoux totalement barjo, et la jeune Pell James (Zodiac), impayable en jeune junkie délurée.

Sans être à la mesure des oeuvres de David Lynch, Surveillance n'en demeure pas moins fort sympathique et montre qu'après un faux départ, de prometteuses choses augurent à l'horizon pour Jennifer Lynch. Serait-ce grâce à la présence de papa Dave à titre de producteur ? On verra...

vendredi 29 janvier 2010

Bande-annonce: Wall Street - Money Never Sleeps

Et oui, Oliver Stone nous revient en revisitant le petit monde clinquant de la haute finance new-yorkaise avec une suite à son célèbre Wall Street (1987). Michael Douglas revient dans la peau de Gordon Gekko, qui apparaît ici fraîchement libéré des barreaux, et cette fois-ci, il est accompagné de Josh Brolin dans la peau du mouveau baron du quartier, et de l'inégal Shia LaBoeuf en jeune requin arriviste.

mercredi 27 janvier 2010

Dracula (1979)


On ne compte plus les adaptations au cinéma du célèbre roman de Bram Stoker depuis le célèbre classique de Tod Browning avec Bela Lugosi dans le rôle-titre en passant par les nombreuses adaptations et dérivés de la Hammer avec Christopher Lee. Inutile donc de les énumérer ici, je me concentrerai donc sur celle faisant l'objet de ce billet.

Cette fois-ci, c'est le cinéaste John Badham (Saturday Night Fever) qui s'y colle, ce qui peut sembler à priori surprenant, Badham se retrouvant ici bien loin de l'univers des discothèques new-yorkaises. Ceux pacontre qui connaissent la filmo de Badham plus en profondeur savent que l'on a affaire ici à un autre touche-à-tout du cinéma hollywoodien voguant de genre en genre, avec un succès toutefois inégal, que ce soit le drame sportif (Bingo Long), l'adaptation d'une pièce de théatre (Who's Life Is It Anyway?) ou le suspense technologique (War Games) tout en passant par le polar, genre qu'il a revisité le plus fréquemment et où il semble plus à l'aise (Blue Thunder, Stakeout), The Hard Way), ce qui ne le préserve point de quelques ratages, comme Drop Zone ou bien ce déplorable remake du Nikita de Luc Besson qu'est Point Of No Return.

Alors ici, Badham s'attaque à une grosse pointure de la littérature d'épouvante avec son petit Dracula bien à lui, adapté de la pièce de Hamilton Deane et John L. Balderston qui servit aussi de base pour l'original de Tod Browning. Pas de délires baroques aux arrières-goûts gothiques tels que le Dracula de Coppola, nous avons plutôt droit ici à une relecture à la sauce victorienne du roman de Bram Stoker. Qui plus est, Badham et son scénariste W.D. Richter (Invasion Of The Body Snatchers) vont même pousser l'audace jusqu'à transposer le mythe du vampire des Carpathes dans l'Angleterre du début du XXème, plus précisément en 1913, où l'on retrouve notre pote Vlad Dracul (Dracula pour les intimes, sous les traits suaves de Frank Langella) tout fraîchement débarqué du Demeter pour prendre possession de la vieille abbaye de Carfax, située tout près de l'asile dirigé par le Dr. Seward (Donald Pleasence). Il va sans dire que Dracula en profitera pour faire le plein de sang frais, tout en s'intéressa particulièrement à Lucy (Kate Nelligan), la fille du bon docteur, après avoir bien disposé de sa meilleure amie Mina (Jan Francis). Cependant, l'arrivée du professeur Abraham Van Helsing (Laurence Olivier), père de la malheureuse victime, viendra brouiller les cartes...

Les familiers de l'oeuvre de Stoker remarqueront immédiatement une autre liberté prise par cette adaptation, soit les rôles interchangées des personnages de Lucy et Mina, Mina étant la principale héroïne tandis que Lucy s'avère en fait l'amie au sombre destin, et le script de Richter ne s'arrête pas là, faisant de Mina la fille du professeur Van Helsing. De quoi faire fulminer les puristes qui crieront à la fumisterie !

Pour ce qui est du reste, le film de Badham n'est pas sans failles, surtout du côté de la construction narrative et de plus, la mise en scène s'avère quelquefois un peu lourde et manquant d'énergie et de rythme malgré quelques bons moments (l'intro sur le Demeter, la première "visite" nocturne de Dracula dans la chambre de Mina, la séquence de la crypte) mais toutefois, le tout se laisse voir sans ennui, grâce à une relecture intéressante mettant l'emphase sur l'aspect érotique teinté d'un certain romantisme noir qui transpirait dans le roman original (et dans les films de Terence Fisher chez la Hammer), et cela bien avant l'adaptation "définitive" de Coppola, quelques 13 ans plus tard. Heureusement, Badham ménage aussi les effets, s'appuyant plutôt sur une construction d'atmosphère bien amenée pour illustrer son récit, un gros merci à la superbe photographie de Gilbert Taylor (Frenzy, Star Wars) au passage.

Dans le rôle-titre, Frank Langella (Frost/Nixon) compose un Dracula qui, s'il n'est pas exactement à l'image du personnage imaginé par Bram Stoker, est néanmoins imprégné d'un charme sophistiqué et au flegme tout ce qu'il y a de plus britannique (malgré les allusions aux origines roumaines du comte) et certains pourront déplorer cette "britannification" du personnage mais néanmoins Langella nous fait la grâce de ne pas s'appuyer sur des effets grandiloquents pour composer son rôle, à l'inverse de Gary Oldman chez Coppola, dont l'accent boiteux tendait maintes fois vers la caricature. De plus, l'initiative de Langella de ne jamais porter de prothèses est bienvenue, renforçant l'aspect inquiétant et évitant le piège du grand-guignol qui risquerait de faire basculer l'ensemble dans la farce risible. Ayant déjà joué la pièce de Deane et Balderston sur les planches à Broadway, Langella habite littéralement le personnage et l'intérêt du film vient en majeure partie de sa contribution.

Il reste à louer rapidement le reste de la distribution. Le Dracula de Badham bénéficie d'un casting plus qu'intéressant. Outre Langella, on y retrouve l'incontournable Donald Pleasence (The Great Escape, Halloween), un habitué de l'épouvante, qui nous fait le coup de voler littéralement la vedette au reste de la troupe avec un Dr Seward plus qu'étrange avec ses innombrables tics, ainsi que la comédienne canadienne Kate Nelligan (Eye Of The Needle), plus "british" que nature dans la peau de l'aristocrate Lucy. Et je m'en voudrais de ne pas souligner la performance complètement délirante de Tony Haygarth dans le rôle du ghoule Renfield, qui nous gratifie probablement des moments les plus mémorables du film.

Loin d'être le meilleur Dracula au cinéma (c'est encore les films de Terence Fisher avec C. Lee qui remportent la palme slon moi), il n'en est pas pour autant le plus mauvais, et quoique inégale, la relecture de John Badham vaut un certain coup d'oeil, et s'avère un bon compagnon lors d'une soirée pluvieuse et orageuse. :)

Le film est disponible en DVD chez Universal dans une édition simple où le film est présenté dans son format original panoramique 2.35:1 avec une piste sonore DD Stéréo 2.0. Pas de version française, et en plus, nous avons droits aux sous-titres français "joualisants" qui sont monnaie courante chez Universal depuis quelques années. On peut se consoler avec, comme suppléments, une piste de commentaire audio du réalisateur en plus d'un "making-of" de trente minutes sur le tournage du film conçu expressément pour cette édition.

vendredi 22 janvier 2010

The Ghost Writer (bande-annonce)

L'année 2009 s'est terminée avec Roman Polanski qui a fait les choux gras de la presse internationale suite à son arrestation à Zurich alors qu'il s'était présenté à un festival de cinéma, cela faisant suite à la condamnation par un tribunal américain pour l'agression et le viol d'une adolescente commis en 1977. On sait que Polanski s'est exilé en Europe (précisément en France) par la suite, jusqu'à son inculpation par la police suisse il y a deux mois pour honorer les termes d'un traité d'extradition. L'affaire suit toujours son cours, mais en attendant, voici la bande-annonçe de The Ghost Writer, adaptation du roman The Ghost de Robert Harris, dont Polanski venait tout juste de terminer le tournage avant son arrestation...

Point fort : il est bon de voir Polanski se refaire la main (hum, jeu de mots non-intentionnel) sur un thriller, un genre où il excelle particulièrement.

Point faible: tout le battage médiatique entraînant son arrestation risque de nuire à la sortie en salle.

Edge of Darkness (bande-annonçe)

Après avoir passé la dernière décennie à se concentrer sur la mise en scène, avec ses lourdaux Passion Of The Christ (2004) et Apocalypto (2006), et à défrayer les manchettes des journaux à potins avec ses étranges sautes d'humeur à saveur antisémite, Mel Gibson retourne sagement devant la caméra pour la première fois depuis Signs (2002) avec Edge of Darkness.

Point faible: Il s'agit du remake d'une célèbre mini-série britannique ayant été diffusée par la BBC en 1985. Oui, encore une autre vision américanisée d'une oeuvre d'autre-part...

Point fort: Martin Campbell à la chaise du réalisateur. Tout d'abord, Campbell était le réalisateur original de la mini-série; ensuite, Campbell a une feuille de route comportant, entre autres, les deux meilleurs James Bond depuis le "reboot" des années 1990 avec Goldeneye (1995) et Casino Royale (2006). Sans être le plus génial des cinéastes, Campbell est un honnête et solide réalisateur qui peut nous donner, à tout le moins, des "pop corn movies" bien foutus quand il dispose du matériel approprié.

jeudi 21 janvier 2010

The Lovely Bones (2009)

Vu hier à un des affreux astronefs Guzzo de la banlieue (le modestement nommé Méga-Spheretech de Terrebonne)...

Après la trilogie "Lord Of The Rings" (Le seigneur des anneaux) et son gargantuesque remake de "King Kong", Peter Jackson revient ici à un registre plus intimiste en adaptant le très discuté roman de Alice Sebold racontant l'histoire de Suzie Salmon (Saoirse Ronan), une jeune fillette de 13 ans qui, le soir du 6 décembre 1973, est violée puis assassinée par un homme apparemment normal mais désaxé, George Harvey (Stanley Tucci), voisin immédiat de la famille Salmon qui s'avère aussi un tueur en série notoire. Après sa mort, Suzie se retrouve au paradis, où elle observe à sa guise les déboires de sa famille qui peine à faire le deuil. Elle suit aussi les traces de son meurtrier, qui se prépare à faire une prochaine victime.

J'attendais le nouveau cru de Peter Jackson avec une certaine hâte, surtout sachant qu'il délaissait les gros canons pour un récit à caractère plus intimiste qui fait écho à son fabuleux Heavenly Creatures (1994), mêlant lui aussi d'étrange façon le merveilleux et le sordide. Cependant, c'est avec appréhension que je me suis présenté dans la salle hier après avoir lu quelques critiques et commentaires car disons-le, le dernier Peter Jackson est loin de faire l'unanimité, particulièrement auprès de ceux ayant lu le roman original d'Alice Sebold. Cela va de l'accueil tiède des critiques de cinéma aux commentaires pour le moins incendiaires, surtout auprès des internautes s'aventurant sur imdb. N'ayant pas lu moi-même le roman, je m'y suis donc aventuré en gardant l'esprit ouvert.

Je vais être honnête, j'ai trouvé l'ensemble plutôt sympathique. La mise en scène de Jackson est sans faille (lui qui retrouve ici son équipe habituelle) et le récit bénéficie de la fluidité de la réalisation et d'une reconstitution des premières années 1970 assez réussie. Il y a bien quelques bémols ici et là, Mark Wahlberg (qui joue le père Salmon), malgré de vaillants efforts pour insuffler un peu d'intensité à son personnage, n'arrive pas totalement à bien retransmettre tout le désespoir du père dépressif, tandis que Rachel Weisz ne fait pratiquement que passer dans le rôle de la mère (un personnage beaucoup plus présent dans le roman à ce que l'on m'a dit) et la grand-mère jouée par Susan Sarandon est réléguée ici à un rôle pûrement caricatural qui cause une rupture de ton mal venue dans l'ensemble, d'autant plus que cela vient d'une liberté prise par Jackson et ses co-scénaristes (Fran Walsh et Philippa Boyens) qui ont littéralement modifié l'essence même du personnage par rapport, encore une fois, au roman. Cependant, le principal défaut du film est de se complaire beaucoup trop dans les scènes paradisiaques où déambule la petite Suzie, et là Jackson met le paquet. Le problème, c'est que ces scènes sont parfois mal intégrées dans l'ensemble (problème de montage?) et si au début le résultat étonne (grâce à des effets visuels assez réussis), je me suis rendu compte à un certain moment que cela devenait lassant, jusqu'à casser quelque peu le rythme du film.

Cependant, les séquences "terriennes" où l'on suit le tragique destin de la fillette, la lourde traversée du désert de la famille endeuillée ainsi que le quotidien du sinistre meurtrier sont plutôt bien écrites et auraient gagné à être plus exploitées. Certains des détracteurs du film en veulent à Jackson d'avoir "édulcoré" le passage du meurtre de Suzie (qui, selon certains, était décrit beaucoup plus graphiquement dans le roman) et Jackson a lui-même avoué ne pas avoir voulu trop en montrer pour que son film puisse être vu par un jeune public. Alors que beaucoup accusent Jackson de s'être soumis à des intentions purement mercantiles et commerciales, de mon côté je suis d'avis que la décision de Jackson est plutôt bien justifiée, et il est bon de voir qu'en cette époque où le cinéma d'horreur gorgé de "gore" et de "torture porn" un cinéaste a eu enfin le culot de faire appel à la suggestion plutôt qu'à l'avalanche d'effets. Sans être graphique, la séquence du rapt et du meurtre de Suzie est particulièrement réussie et avec un minimum d'effets, tout en exploitant le pouvoir de la suggestion et du langage cinématographique, Jackson réussit à concocter une séquence très troublante et qui fait littéralement froid dans le dos. Certains peuvent toutefois déplorer que la dernier tiers du film prend les aspects d'un thriller (enquête policière, la traque du tueur par la soeur de la victime, etc.) et qui, malgré quelques séquences réussies où le suspense est bien mené, offre un contraste peut-être trop flagrant avec le reste de l'oeuvre.

Il reste à souligner l'excellente interprétation de la jeune Saoirse Ronan (Atonement) qui porte littéralement le film sur ses jeunes épaules, grâce une performance à la fois vivante et nuancée mêlant tout à la fois mystère et candeur, et rarement aura-t'on vu un regard aussi intense transpercer l'écran. Elle n'est pas en reste, car Stanley Tucci (The Road To Perdition) est particulièrement inquiétant dans la peau du sinistre voisin meurtrier, et il trouve là probablement le meilleur rôle de sa carrière.

Ainsi donc, sans être son meilleur cru, ce nouveau film de Peter Jackson reste tout de même une belle curiosité. Il me semble que la vendetta anti-Jackson lancée par les fans du roman original a teintée le film d'une réputation peu enviable qui ne me semble toutefois pas méritée. Mais bon, si vous l'avez-lu, approchez ce film avec soin. Vous êtes avertis !

mardi 19 janvier 2010

El Dorado (1967)


Un des géants du cinéma américain de l'époque des grands studios, Howard Hawks (1896-1977) a laissé derrière lui une imposante filmographie où il aura abordé et laissé sa marque dans une multitude de genres. Que ce soit le film de gangster (SCARFACE*), le film noir (THE BIG SLEEP), le cinéma d'aventures (HATARI), la comédie (BRINGING UP BABY, BALL OF FIRE) et le musical (GENTLEMENT PREFER BLONDES) en passant par le drame de guerre (ONLY ANGELS HAVE WINGS, SERGEANT YORK) et, bien sûr, le western (RED RIVER), Hawks aura réussi l'exploit de concocter une pléiade de classiques dans un parcours pour le moins versatile.

Après RED RIVER (1948), Hawks revisite le western avec le non moins célèbre RIO BRAVO (1959), deuxième collaboration avec John Wayne (dit le Duke pour les inconditionnels), et premier volet de se qui se voudra une trilogie. Après avoir tourné RIO BRAVO à la Warner, Hawks traverse une période plus sombre avec trois échecs: HATARI! (1962), film d'aventures sur fond de safari toujours avec John Wayne, MEN'S FAVORITE SPORT (1963), une comédie romantique mettant en vedette Rock Hudson, ET RED LINE (7000), drame sportif sur fond de course automobile en stock-cars avec un tut jeune James Caan. C'est ainsi que Hawks se ramène chez la Paramount pour tourner EL DORADO, deuxième volet de sa trilogie western avec le Duke commencée huit ans plus tôt avec RIO BRAVO.

Synopsis : Shérif alcoolique d'une petite ville, J.P. Harrah (Robert Mitchum) a fort à faire pour faire régner l'ordre dans sa municipalité, elle qui est aux prises avec les méfaits de la bande à Bart Jason (Edward Asner), rancher local qui fait la pluie et le beau temps dans la région. Pour toute aide, Harrah ne peut compter que sur son shérif adjoint, Bull Harris (Arthur Hunnicutt), truculent et très loquace vieillard dont les beaux jours sont cependant derrière lui. La situation s'annonçe encore plus difficile à l'horizon pour Harrah alors que Jason engage Nelson McLeod (Christopher George), tueur à gages notoire, pour mener à bien son sale boulot. Qu'à cela ne tienne, Harrah bénéficiera de l'aide de son vieil ami Cole Thornton (John Wayne), un sympathique aventurier tout fraîchement débarqué en ville flanqué de Mississipi (James Caan), un jeune cowboy assoiffé de vengeance ayant suivi la trace du meurtrier d'un ami auprès de la bande à Jason.

Pour tous ceux qui connaissent et qui ont pu voir RIO BRAVO, il n'y a pas de doute. EL DORADO est non pas une suite, mais plutôt un remake à peine voilé de son prédécesseur. En effet, le scénario de Leigh Brackett reprend presque scène par scène et à peu de détails près, les mêmes situations et les mêmes développements que Rio Bravo. John Wayne y reprend le même rôle, tandis que Robert Mitchum fait écho à Dean Martin dans son personnage de Dude et que Arthur Hunnicutt reprend dans les grandes règles le personnage du vieillard truculent interprété par Walter Brennan dans le premier opus, toutefois avec beaucoup moins de panache. Quant à James Caan, les intentions sont évidentes, alors que son personnage est affublé, lui aussi, du nom d'un état américain comme prénom, à l'instar du Colorado joué par Ricky Nelson dans RIO BRAVO.

Sorti en 1967, en pleine époque où le flower-power et la contre-culture contestataire battait son plein auprès de la jeunesse américaine, EL DORADO n'a pas connu le succès escompté. Il faut dire que le film, malgré sa belle facture, n'arrive pas à se défaire d'un certain verni "dépassé", avec ses personnages manichéens, ses développements quelques peu prévisibles, et un certain côté moralisateur qui peut s'avérer agaçant pour un public qui se gorgeait à l'époque des westerns-spaghetti sales, crasseux et joyeusement immoraux de Sergio Leone et consorts. Malgré quelques bons moments, et la très belle photographie de Harold Rosson (DUEL IN THE SUN), la mise en scène de Hawks s'avère à peine un peu plus que fonctionnelle. Ce qui est étonnant, alors que celui-ci était reconnu pour un réalisateur au style énergique.

John Wayne est, comme à son habitude, égal à lui-même dans son éternel rôle de cowboy baroudeur rustre mais juste, sans peur et sans reproches, et on ne peut que sourire de voir un tout jeune James Caan en faire des tonnes dans son rôle de jeune freluquet (presque) maladroit, à l'encontre des bouillants personnages qu'il interprétera après le Sonny Corleone du Godfather de Coppola. Il reste toutefois le grand Robert Mitchum, roi de "l'underplaying" qui tire le mieux son épingle du jeu avec une interprétation sobre et solide, sans flafla, et dont l'allure très décontractée convient très bien au personnage. Les personnages féminins? Tout juste accessoire. Passons...

EL DORADO est disponible en DVD chez Paramount en deux éditions : une édition simple tiré de la Collection John Wayne et, suggestion pour les amateurs, une édition spéciale de deux disques sortie sous la bannière "Centennial Collection" comprenant deux excellentes pistes de commentaires audio : une du réalisateur Peter Bogdanovich (THE LAST PICTURE SHOW), ami, biographe et confident de Howard Hawks, et l'autre du journaliste Richard Schickel, du magasine TIME. Le deuxième disque comprend, quant à lui, un documentaire exhaustif en sept parties sur le tournage, un court-métrage promotionnel datant de l'époque du tournage ainsi que plusieurs autres suppléments.

* On parle ici du SCARFACE original de 1933, non pas du remake de Brian De Palma datant de 1983.

lundi 18 janvier 2010

Avatar (2009)

Aussi bien commençer avec une première entrée parlant du film dont tout le monde parle, le p'tit dernier de James Cameron, Avatar...

Sorti en grande pompe le mois dernier en plein temps des Fêtes, et précédé d'une réputation enviable d'innovateur au niveau de la technologie 3-D ainsi que de quelques jalons de franchis au niveau du raffinement des effets visuels, je me suis donc enfermé dans la salle 3-D du Cinéma Banque Scotia (Montréal) afin de constater de visu la véracité de tout ce blabla...

Je dois avouer que je partais déjà avec un certain parti pris, n'étant pas (ou plus) amateur de ce genre de récit de science-fiction fantasmagorique se déroulant dans une planète lointaine, etc... et là je me retrouve devant ceci : Dans un futur (très) éloigné, un bataillon de Marines américains débarquent sur la planète Pandora afin de poser les bases d'un projet de colonisation de la planète en vue d'y exploiter les abondantes ressources naturelles. Ils se heurtent, bien sûr, à l'opposition de la population, composée d'étranges humanoïdes à la peau bleu translucide. Un conflit s'ensuit et un soldat paraplégique est chargé d'infiltrer la population des pandéens grâce à la technique dite de "l'avatar" où celui-ci peut se glisser dans la peau d'un corps pandéen grâce à une sorte de transfert de ses fonctions cervicales... vous me suivez ? Enfin, tout cela bien sûr afin d'accumuler des informations pouvant servir au haut-commandement. Chemin faisant toutefois, l'empathie l'emporte et il se prendra de sympathie pour le peuple pandéen, ce qui l'amènera à se retourner contre ses supérieurs.

Pour la forme, rien à redire, Avatar a disposé d'un éléphantesque budget de 300 millions de biffetons et le résultat apparaît clairement à l'écran. Rarement les effets visuels, autrement dit dans le jargon, les CGI, auront paru d'une telle beauté, d'une telle clarté et surtout d'une telle véracité à l'écran. La splendeur visuelle du film est hallucinante. Il faut voir tous ces plans panoramiques de la planète et de sa faune dont nous gorge les yeux Cameron et son équipe (dont de magnifiques images d'ïlots flottants qui rappellent toutefois, non sans amusement, les pochettes des albums du groupe rock Yes créés par Roger Dean), le tout renforcé évidemment par la technologie 3-d qui nous propulsent littéralement dans cet univers façonné de toute pièce par le cinéaste.

Là où la sauce fige, c'est au niveau du fond. Côté contenu, ennui total. Scénario archi-convenu aux développements prévisibles, sorte de fable écologique un peu cucul sorti tout droit d'un récit à la sauce new-age, et je ne parle pas encore du volet romantique du récit, avec l'idylle entre le marine récalcitrant et une pandéenne très dégourdie aux grands yeux bleus. Tout ceci souligné à gros traits par la musique sirupeuse (encore) de James Horner. Mais Avatar ne s'arrête pas là, on y retrouve un véritable condensé des "défauts scénaristiques" de Cameron, comme cette fascination certaine qu'à le réalisateur pour tout l'appareillage et l'arsenal des militaires. Cameron adore les Marines, et ça se sent (vous vous souvenez de Aliens?) et cela provoque du même coup un certain paradoxe dans le propos du film, qui se veut en même temps une critique à peine voilée du complexe militaro-industriel, quoique le héros du film s'avère être lui-même un Marine. "How convenient!" comme on dit dans la langue de Shakespeare...

Enfin, Avatar confirme la tendance du côté de James Cameron : plus gros, plus fort mais avec de mois en moins de saveur. Metteur en scène brillant et excellent technicien, James Cameron n'a toutefois plus la verve visionnaire qui faisait le charme de ses premiers films (Terminator, Aliens, The Abyss...) et il confirme surtout, à l'instar de George Lucas, qu'il aurait grand besoin d'un scénariste de renom pour insuffler un peu de vie dans ses projets, car au niveau du script, Avatar n'est rien d'autre qu'un coup d'épée dans l'eau. Ainsi, à l'égal de Titanic, Avatar est un bien beau jouet ne renfermant que du vide sous la surface.

C'est parti !

Bonjour les amis !

Et voilà, c'est parti pour ce petit blogue cinéphilique risquant probablement d'être lu par une poignée d'une dizaine de mes amis, mais ne boudons pas notre plaisir, car cela ajoutera au côté intimiste de la chose, telle une bonne petite conversation au coin de la cheminée...

Enfin bref, bienvenue à tous et à toutes, amants du Septième Art en particulier et ceci en espérant que cet humble espace ne provoquera pas en vous une crise d'ennui soudain...