jeudi 11 février 2010

Surveillance (2008)


Fille du vénéré David Lynch, Jennifer Chambers Lynch avait déjà tenté de suivre les traces de son illustre père avec le très médiocre Boxing Helena (1993), qui avait surtout fait parler de lui à l'époque alors que la production avait défrayé la chronique suite à une bataille légale entre les producteurs et Kim Basinger, qui avait décidé de briser son contrat in-extremis après lecture approfondie du scénario sulfureux qu'elle n'appréciait pas du tout. Basinger finalement remplacé par Sherilyn Fenn (visage connu de l'écurie lynchienne avec un rôle récurrent dans la télésérie Twin Peaks et une apparition mémorable dans Wild At Heart), le premier film de Mlle Lynch est maintenant surtout resté dans les mémoires pour ses excès outranciers lui ayant octroyé un statut de film culte à la saveur psychotronique.

Quinze ans plus tard, Jennifer Lynch refait surface avec Surveillance, sombre road movie à la saveur glauque empruntant beaucoup à l'univers de papa. J'avoue m'y être aventuré avec méfiance, ayant subi le cas Boxing Helena de visu et n'en ayant pas gardé de bons souvenirs. J'en suis toutefois sorti agréablement surpris.

Avec une intrigue simple (avec un dénouement cependant complètement inattendu) empruntant beaucoup à la fois à Wild At Heart, Twin Peaks et Lost Highway, le script de Kent Harper (co-rédigé avec Lynch) suit les traces de deux agents du FBI enquêtant sur une série de meurtres perpétrés par un mystérieux tueur en série dans les environs de ce qui semble être un bled du Nouveau-Mexique. Sans emprunter la voie des excès dérivatifs de son père avec une trame narrative très linéaire, Lynch fait montre ici d'une mise en scène beaucoup plus sûre et contrôlée, des séquences très bien construites et surtout une excellente direction d'acteurs, un élément qui manquait gravement à son premier film.

Il faut dire que Lynch dispose d'une excellente distribution, Bill Pullman (Lost Highway) en tête et qu'on a pas vu depuis des lustres, et Julia Ormond (Legends Of The Fall) dans un rôle à des lieues des rôles romantiques qu'elle se voyait fréquemment attribuer dans les années 1990. Soulignons aussi l'apport solide du canadien Michael Ironside (Scanners) en chef de police dépassé par les événements; le scénariste Kent Harper, hilarant dans le rôle d'un ripoux totalement barjo, et la jeune Pell James (Zodiac), impayable en jeune junkie délurée.

Sans être à la mesure des oeuvres de David Lynch, Surveillance n'en demeure pas moins fort sympathique et montre qu'après un faux départ, de prometteuses choses augurent à l'horizon pour Jennifer Lynch. Serait-ce grâce à la présence de papa Dave à titre de producteur ? On verra...

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